Marc Nader, Un Tendre Rêveur

© L'Orient-Le Jour – E. D. | Avril, 2012

Les cheveux sont plus blancs que neige mais l’esprit, le regard et la voix sont encore étonnament jeunes. Traqueur et capteur d’images, aussi bien visuelles que sonores, Marc Nader a l’art et la créativité dans le sang.

Caméra au poing, pas alerte, regard braqueur et fouineur, non content d’offrir au public à travers des expositions de superbes photos (chez Aïda Cherfane) la chasse aux trésors de ses randonnées et pérégrinations, des beautés de la vie enfouies au quotidien, voilà qu’il revient à ses amours premières. Et ses amours premières, d’ailleurs jamais éteintes, c’est la musique.

Pour une guitare et quelques accords au clavier découverts à neuf ans, les mélodies pointent à nouveau le nez à l’âge adulte. Pour cette passion toujours vive, un CD au titre clair Back to the roots (Retour aux sources) magnifiant en tonalités feutrées et un peu mélancoliques une «Urban folk music» peut-être démodée à souhait, mais tendre et veloutée comme un cœur d’artichaut.

Sept chansons dessinant le contour d’une agitation citadine où des divas des «rooftop» (bonjour les boîtes de nuit huppées de Beyrouth!) jouent de leur séduction à côté de gamins livrés à une rue où la misère éclôt comme une herbe folle sur la surface lisse d’un mur entre pluie et soleil… Une belle place aussi à l’amitié, la vraie, celle qui ne meurt jamais…

Auteur, compositeur et interprète, Marc Nader a aussi des complices pour les belles paroles de ses chansons dont Claude Salhani. Pour ces charmantes ritournelles en anglais, chantées avec une voix argentée et un peu blessée, au ton de troubadour moderne entre Leonard Cohen et Greame Allwright, il y a une belle atmosphère d’un poète qui dénonce en douceur la poisse de la vie, mais aussi sa flamme pour l’espoir et l’amour.

L’invitation au rêve commence déjà par cette belle pochette prise sur un mur (aujourd’hui démoli) du Café Younès où Tarek Kandil a laissé l’empreinte d’une savoureuse image certes figurative mais surréaliste et colorée, mêlant délicieux désordre et objets adroitement agencés. Comme les volutes d’un rêve entre tendresse, cafardeuse modernité et enfance.